2 novembre 2008
Nous faisons la connaissance de Shwe Oo à la maison des enfants à Kalaw. A quatorze ans, elle est une jeune fille très timide qui ne parle que très peu anglais. Elle vient du village d’Ywar Pu, à une heure de route au sud de Kalaw. Elle est membre de l’ethnie Danu. Ses parents sont agriculteurs, elle a une un petite soeur et un petit frère.
16 novembre 2009
Shwe Oo est toujours à l’internat. A l’école, elle est maintenant en « grade » 9. Elle aime l’école bien qu’elle trouve ça un peu ennuyeux parfois… Elle perd peu à peu sa timidité et commence à s’intéresser à ces deux étrangers (on dit des « ingles » en myanmar!) qui viennent fréquemment à Kalaw.
30 janvier 2011
Nous retrouvons Shwe Oo au début de l’année 2011. Elle ne parle que quelques mots d’anglais. Bien qu’elle soit très heureuse de nous retrouver, sa timidité reste importante et complique sa relation. Elle est désormais en dernière année scolaire. Ses résultats sont plutôt bons mais elle manque toujours d’intérêt pour ses études avec des professeurs peu motivés et peu formés!
20 novembre 2011
Shwe Oo a coupé ses longs cheveux. Elle est toujours à l’internat pour une année scolaire supplémentaire. Eh oui, elle a raté ses examens l’année dernière. Elle avoue avoir passé trop de temps devant la télévision à regarder des films de Bollywood au lieu de réviser ses devoirs!
23 mars 2012
Au Myanmar, l’année scolaire se termine au mois de février pour les plus jeunes élèves, au mois de mars pour les plus anciens. C’est le cas de Shwe Oo qui redouble donc sa dernière année scolaire. Elle est en période d’examen et essaye de se motiver et de se préparer consciencieusement. Mais notre présence est un excellent prétexte pour sortir son nez des bouquins et de l’ennuyeux apprentissage par coeur de la totalité de ses livres scolaires rédigés en anglais, une langue qu’elle ne maîtrise toujours pas. En dépit d’innombrables heures passées à son étude à l’école!
25 décembre 2012
Shwe Oo est de retour dans son village et aide ses parents agriculteurs. Ils cultivent, en fonction des saisons, du riz des choux, de l’ail, du gingembre. La famille possède un buffle, si utile pour les travaux agricoles, mais qui demande beaucoup de soins et de temps. Les journées sont longues, pénibles. On se lève tôt et on se couche tôt. Il n’y a pas d’électricité, pas d’eau courante. Il faut marcher 45 minutes pour aller chercher le bois nécessaire à la cuisson des repas. Elle apprend tout de même à conduire l’indispensable motocyclette… Nous avons le bonheur de la rencontrer brièvement lors d’un mariage dans son village.
11 janvier 2014
Shwe Oo vit toujours dans son village. Sa vie a considérablement changé: elle s’est mariée au mois de juin 2013. Et surtout, elle est enceinte. Ce qui ne simplifie pas ses journées d’agricultrice travaillant péniblement dans les champs et rizières. Néanmoins, ayant appris notre présence à Kalaw, elle a demandé à son mari de l’amener en motocyclette en ville afin qu’elle puisse passer quelques heures en notre compagnie.
19 octobre 2014
Nous allons rendre visite à Shwe Oo chez elle, à Ywar Pu. Elle habite dans la maison de sa belle-mère. Nous faisons la connaissance de son petit garçon, Kyaw Sein. Le bébé est adorable, ne montre pas l’habituelle crainte des jeunes enfants myanmar envers les étrangers. Il est très vif et très curieux. Mais il y a quelque chose de particulier dans son regard qui nous laisse perplexe!
7 avril 2015
Shwe Oo a une nouvelle petite soeur, grande surprise pour toute la famille. Etant ménopausée, sa maman a arrêté toute contraception. Mais voilà, la vie réserve parfois de vraies surprises! Le mari de Shwe Oo travaille occasionnellement comme cuisinier pour des agences de trekking. Il prépare les repas des touristes en marche vers le lac Inlay. Certains passent une nuit chez eux. Du coup, Shwe Oo apprend assidûment l’anglais avec son smartphone tout en travaillant aux champs et en s’occupant de son fils qui présente un retard dans son développement.
12 janvier 2016
Sur cette photo, Shwe Oo se présente avec son fils et sa petite soeur. Elle travaille comme guide de trekking et parle désormais couramment anglais. Ses progrès sont phénoménaux! Elle a confiance en elle et a perdu toute timidité. Quand elle ne conduit pas les étrangers sur les chemins de randonnée, elle passe ses journées à travailler dans les champs de riz, d’ail, de gingembre, de choux-fleurs, de choux-chinois… Et surtout avec son fils qui nécessite plus de temps et de soins que les autres enfants de son âge.
26 avril 2017
Shwe Oo et son fils se trouvent à Yangon. RDS Suisse leur a organisé un examen médical pour le jeune garçon qui souffre apparemment de la maladie du cri du chat, (ou syndrome de Lejeune, un trouble génétique rare chez l’être humain dû à une délétion d’une partie du chromosome 5.). C’est la première fois que Shwe Oo se rend dans la plus grande ville du Myanmar. Elle y est seule avec son fils et s’y sent un peu perdue. Il y fait si chaud que son fiston refuse de suivre la totalité des examens médicaux. Et désormais, elle assiste RDS Suisse dans ses activités humanitaires en tant que conseillère.
28 décembre 2017
Nous retrouvons Shwe Oo, son fils et une de ses soeurs à Yangon. Il s’agit de poursuivre les examens médicaux commencés au mois d’avril. Cette fois, tout se passe bien. Les résultats montrent que le jeune garçon se porte physiquement bien. Mais il lui faudra de nombreuses années pour apprendre à marcher, à parler… Shwe Oo doit donc jongler pour assumer ses tâches de maman, de paysanne et de guide de trekking. Heureusement, la famille, les voisins, les amis sont souvent présents pour lui donner un coup de main! Surtout que Shwe Oo participe de plus en plus aux activités de RDS Suisse en que « Project Advisor ».
15 juillet 2018
Nous avons le plaisir d’accueillir Shwe Oo chez nous en Suisse. Nous en rêvions tous depuis plusieurs années. En compagnie de Soe Thu, le gestionnaire de nos projets au Myanmar, elle est montée pour la première fois de sa vie dans un avion. Elle a dû abandonner provisoirement son fils et sa famille. Ce n’est pas si facile! Malgré tout, elle s’adapte rapidement aux coutumes helvétiques, collabore avec RDS Suisse: elle est présente à notre stand au Paléo Festival, elle cuisine des repas de soutien birmans… Elle trouve la Suisse très verte et très propre.
2 avril 2019
Nous célébrons le nouvel-an myanmar à Ywar Pu en compagnie de Shwe Oo et de sa famille. Nous nous rendons également dans de nombreux villages afin d’offrir des panneaux solaires à de nombreuses familles défavorisées. Nous participons aux cérémonies d’inauguration des nouvelles écoles de Hlemar et de Shar Pin, financées par RDS Suisse. Nous visitons les couturières dans le village de Pet Kaw. Grâce à votre soutien, elles se sont mises à leur compte et confectionnent des vêtements sur mesure. Elles sont heureuses des résultats obtenus. Shwe Oo nous assiste grandement en traduisant nos conversations.
11 janvier 2020
Nous sommes de retour à Ywar Pu en ce début 2020. Shwe Oo va bien. Son fils fait de remarquables progrès. Il est très agile, curieux, déborde d’énergie. Bien qu’il devienne plus autonome, la présence d’un tiers à ses côtés est indispensable. Avec son mari, ils ont amélioré leur maison afin de mieux accueillir les touristes en marche vers le lac Inlay. Shwe Oo est également très active dans la gestion de micro-crédits. Avec RDS Suisse, elle soutient une dizaine de familles dans son village en leur prêtant l’argent nécessaire pour acheter des semences, pour construire une maison en bambou, pour lancer un élevage de cochons… Et cette année, elle aide 20 familles dans le village de Lu Pyin en gérant les sommes mises à disposition par RDS Suisse.
2021
La pandémie et le coup d’état militaire nous empêchent de rencontrer nos amis au Myanmar. Nous devons nous contenter de rares mais précieux appels vidéo via un réseau social. Nous avons ainsi pu nous réjouir avec Shwe Oo et sa famille de la naissance d’un petit garçon.
En dépit des difficultés actuelles, Shwe Oo maintient la gestion des microcrédits en place et parvient également à lancer ce programme dans de nouveaux villages.
2023
En février 2023, nous avons le plaisir de revoir Shwe Oo et sa famille. La vie devient de plus en plus difficile depuis le coup d’état de la junte militaire en février 2021. En raison de l’inflation, les produits de base essentiels, le riz, l’huile, les légumes, coûtent de plus en plus et deviennent difficilement accessibles aux familles les plus pauvres.
Shwe Oo dorénavant consacre des montants de plus en plus importants à des aides familiales et alimentaires d’urgence en plus des microcrédits qu’elle gère comme de coutume.