Aperçu de la situation actuelle du Myanmar (18 juin 2021)

La vie au Myanmar en décembre 2022

A ce jour, une grande part du Myanmar connait une relative stabilité alors que certains états résistent à la junte. L’armée ne contrôle que 17 % du pays et 23 % sont activement contestés ; le reste est entre les mains du NUG et des organisations de résistance ethnique. Environ 70 % des 330 cantons du pays, à la fois dans les régions frontalières ethniques et dans le cœur du Myanmar, sont engagés dans une résistance armée. De nombreux villages sont bombardés. Plus de 1’200’000 personnes, dont la moitié sont des enfants, ont dû s’enfuir et se réfugier auprès des forces armées ethniques.

L’inflation flambe et provoque une très forte hausse des prix de nombreux produits. Le riz, l’huile, les légumes, les oeufs (ingrédients de base de l’alimentation au Myanmar) coûtent deux à trois fois plus chers. Si le taux d’inflation approche les 18%, la panier nutritionnel est lui deux à trois fois plus élevé. Les paysans manquent d’engrais. L’essence a vu sa valeur s’envoler rendant les transports beaucoup plus coûteux. L’essence est également largement utilisée pour alimenter les génératrices qui suppléent lors des fréquentes coupures d’électricité. Certaines régions subissent chaque jour neuf heures de coupure de courant.

La corrruption s’est renforcée à tous les échelons de l’administration. La population doit souvent verser d’importants dessous de table pour un obtenir un service. Dans le même temps, la police ferme les yeux sur une criminalité toujours plus dangereuse. A Yangon, des agressions ont lieu en plein jour dans certains bus ou bureaux de change.

30’000 personnes meurent chaque année en raison du manque de médicaments.

 


Le Myanmar en décembre 2022

Le 1 février 2021, le coup d’état de la junte militaire prend le pouvoir au Myanmar. La plupart des ministres et députés élus en novembre 2020 sont arrêtés et emprisonnés. Quelques uns parviennent à s’enfuir et forment un gouvernement en exil (NUG, National Unity Government).

Rapidement, la population descend dans la rue pour réclamer le retour de la démocratie et la libération de toutes les personnes emprisonnées, dont Aung San Suu Kyi. La majeure partie des employés des banques, des hôpitaux, des fonctionnaires se met  en grève (CDM, Civil Disobedience Movement).

Par milions, les Myanmars manifestent dans toutes les villes et villages du pays. Le Général Min Aung Hlaing réprime cette opposition et autorise les tirs à balles réelles. Les manifestant/es, en majorité issus de la génération Z, s’organisent alors en troupes organisées afin de protéger la population (PDF, People’s Defence Force). Très souvent, des jeunes femmes sont au premier rang de cette résistance. Une partie de ces jeunes gens rejoignent les troupes militaires de divers groupes ethniques dans la jungle.

A ce jour, plus de 6’000 civils ont perdu la vie. On compte plusieurs centaines de morts au sein des troupes armées ethniques. Une vingtaine de soldats et policiers de la junte décède chaque jour. On décompte près de 13’000 prisonniers politiques. Parmi eux, 300 ont succombé en prison ou lors d’interrogatoires.

 


Pour vous donner un aperçu de la situation actuelle du Myanmar, nous avons demandé l’opinion d’une  jeune femme myanmar qui participe aux programmes de RDS Suisse depuis plusieurs années.

Que désires-tu nous dire au sujet de ta vie aujourd’hui ?

Réponse:

« Oh, je n’ai jamais pensé que je ferai face à une telle situation durant ma vie. Même votre maison n’est pas sûre. La maison de mon oncle a été cambriolée par un groupe de militaires qui ont volé un coffre-fort avec de l’argent et de l’or. Ils utilisent des frappes aériennes et des chars lorsqu’ils attaquent des personnes.

Notre peuple est en train de mourir, le nombre de réfugiés augmente, ils n’ont pas assez de nourriture, d’eau potable, ils doivent s’enfuir. Je donne généralement autant que je peux. Ensuite, les comptes bancaires des collecteurs de fonds ont été gelés et certains ont été arrêtés. Les militaires ne nous permettent pas de faire un don. Je suis tellement fâchée.

Je voudrais les réduire en morceaux : ils ont tué, volé. Ils ont menti aux médias sur ce qui s’est réellement passé : des femmes ont été agressées sexuellement par un groupe militaire. Maintenant, nous vivons sans les droits de l’homme.

Nous devons nous battre pour une vie meilleure … un avenir meilleur. Quant à moi, je veux étudier à l’étranger. Le cœur brisé, je vois des jeunes et des enfants tués par le coup d’État militaire. Nous devons gagner. Nous voulons la démocratie. Priez pour le Myanmar.

 

Comment va ta santé depuis le coup d’Etat ?

Réponse:

Je n’ai pas ri de bon coeur depuis le coup d’État. J’ai l’impression de vivre sans avenir. Tous les jours, je me lève avec de mauvaises nouvelles. Mon peuple est blessé par un coup d’État et  je ne peux pas faire grand-chose pour lui. Mon moral est en mauvais état.

Plusieurs fois, j’ai pensé à faire la guerre pour notre avenir.

 

Comment te déplaces-tu?

Réponse:

Quand je sors, je suis inquiète. J’ai peur qu’une bombe explose près de moi. Il n’est pas prudent d’avoir un téléphone portable. Si les militaires trouvent quelque chose dans votre Facebook et votre galerie, ils vous arrêtent.

 

Comment est ta nourriture maintenant ? Et dans les villages ?

Réponse:

L’endroit où je vis n’est pas encore un champ de bataille donc la nourriture est correcte. Mais je ne sais pas quand la bataille aura lieu. Dans les camps de réfugiés, dans l’État Kayah, ils ont besoin de nourriture et de médicaments. Dans certains camps, les gens ont la diarrhée à cause du manque d’eau potable. L’armée a confisqué de la nourriture. Les prix des produits de base locaux ont augmenté en raison des barrages routiers militaires dans cette région.

Un œuf coûte 800 ks, un sac de riz coûte 150’000 ks. Auparavant un œuf valait 100ks, un sac de riz 30’000 ks.

 

Et ton travail? Ton salaire?

Réponse:

Je suis payée parce que le magasin a encore des clients mais les ventes ne sont pas aussi bonnes qu’avant. Le salaire n’est plus aussi bon qu’avant. Mais je suis dans une meilleure situation que de beaucoup de gens.

Enfin, je ne peux pas dire quand je deviendrai réfugié. Je ne sais pas ce qui se passera demain.

A mon travail, il y a des préparatifs en cas de guerre

 

Je vous souhaite à tous que tout aille bien pendant COVID. Avec mes meilleures salutations, ZZZ (20 ans) ».